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Vendredifférent: Sauvages, rouges et emplumés: un tour des pires noms d’équipes de sports.

Igloofest/Piknic Électronik ont des supporteurs qui entretiennent un rapport très amour/haine avec l’organisation. La dernière controverse: cette illustration d’un Iglooteur amérindianisé comme une des têtes d’affiche de l’édition 2013 (avec un Ninja, un Spartiate et un Viking). Quelques membres de leur page ont souligné (je résume) qu’ils trouvaient maladroit de désacraliser la culture amérindienne et de réduire leur existence à quelques clichés. Je vais éviter de prendre position parce que:

1-Ma demande de passe média n’a pas été approuvée encore.

2-Je trouve que la question est quand même plus compliquée qu’elle n’y paraît, et je ne suis ni convaincu qu’Igloofest a été très prudent, ni que ceux qui lui reprochent de salir l’héritage amérindiens visent la bonne cible.

Comme dans toutes les situations où les chances de convertir l’Autre sont minces, je suggère de changer de sujet et de rapprocher les parties en riant/pleurant ensemble sur d’autres cas. Et il n’y a pas de terreau plus riche/pauvre dans le domaine que le merveilleux monde du sport professionnel.

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Les Indians de Cleveland sont un cas de figure. La peau rouge, la plume, le sourire niais. Qui demeure quand même une nette amélioration du logo de 1946 à 1950, où les dirigeants (blancs, évidemment) y était allé avec le teint «cirrose du foie» et le nez israélite. Les Juifs et les Amérindiens, évidemment, ont en commun d’avoir subis les pire génocides des trois derniers siècles. Un exemple de mauvais goût, dans tous les sens de l’expression.

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Les Peaux-Rouges de Washington viennent également immédiatement en tête en terme de mauvais goût. Ce n’est pas tant le logo, relativement noble, que l’idée de faire la promotion d’une division du monde en couleur et en race, un des héritages de l’eugénisme de Madison Grant, un Américain auteur de Le Déclin de la grande race, un fondement de la pensée nazie. Ça donne des belles situations de mash-up ultime d’insensibilité quand des fans Noirs de Washington se déguisent en Indien. Ça doit chatouiller un peu le vieux Grant dans son cercueil.

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Les ligues collégiales américaines (NCAA) ont géré de manière raisonnée les noms et mascottes douteuses. Depuis le 1er février 2005, toutes les équipes qui désirent participer aux tournois éliminatoires ne peuvent avoir un nom ou une mascotte «offensante». Les Savages d’Oklahoma ont été une des «victimes» de ce réglement. Faut dire qu’il n’y allait pas avec le dos de la flèche: Non seulement on imprimait du sauvage un peu partout en Oklahoma, mais on riait aussi des blagues de Pistol Pete, un gentil cowboy, toujours prêt à dégainer sur des Rouges qui voudraient scalper sa femme, voler son bétail ou pas prier le dimanche à l’Église.

L’équipe s’appelle désormais les Savage Storm. Et Pistol Pete n’a plus jamais quitté son garde-robe, rangé à côté de Klu Klux Karl et de Segregation Serge.

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Chanceux, les fans des Seminoles, l’équipe de Florida State, n’ont pas eu à changer leurs chansons d’encouragement. Les dirigeants de l’université s’en sont sauvés en affirmant que leur nom était un hommage au courage et à la bravoure des Seminoles, une nation qui s’était installée dans la péninsule floridienne. Le discours a un peu changé depuis le 19 siècle, époque où l’armée américaine a décidé de les attaquer parce qu’ils aidaient les Cris. Perfectionnistes, les Américains voulaient juste «finir la job» qu’ils avaient commencé au Nord, et les «braves» Peaux-Rouges de la place les en empêchaient. Les Séminoles y ont en effet goûté. Les «courageux» qui ne s’étaient pas faits mousquettés se sont fait offrir poliment de décalisser dans des réserves en Oklahoma. Une autre belle histoire de respect et de compréhension interculturelle.

Ils ont quand changé leur mascotte – un Blanc peinturé et emplumé – pour un cheval. Mais il est encore permis aux fans de célébrer le génocide de leur arrière-arrière-arrière grands-pères en se déguisant.

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Ici, c’est la grande classe du pauvre. Non seulement l’équipe n’a même pas été capable de reproduire décemment le (beau) logo déjà discutable d’une autre équipe, d’un autre sport, elle a aussi décidé de mettre l’emphase sur Brooklin, en espérant que les fans puissent se convaincre qu’ils supportent peut-être une équipe de hockey professionnel d’une ville cool des États-Unis.  Malheureusement, les Hommes Rouges (un nom qui n’est pas mal en soit, comme à McGill par exemple) sont pognés en Ontario, dans une ligue boboche de crosse. Faut vraiment avoir du culot pour voler un sport, prendre comme logo une caricature de ceux à qui tu l’as volé et en plus les niaiser sur leur couleur de peau.

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Finalement, pour montrer que les indélicatesses raciales ne touchent pas que les Nègs, les Wops, les Chintoques pis les Turbans, découvrons le merveilleux héritage de Johnny Canuck, utilisé comme troisième logo par les Canucks de Vancouver. Canadien modèle, Johnny a été inventé au 19e siècle comme équivalent à l’Oncle Sam. C’est un bûcheron, un fermier, un soldat et un maudit bon joueur de hockey. Sûrement aussi un très grand admirateur de la royauté britannique, des sables bitumineux et de Tim Hortons. Je peux pousser un peu la logique en disant qu’il n’aimait sûrement pas ben ben les Francophones chialeurs du Québec, les Gais, les Races, les artistes pis les osties de carrés rouges.

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Pour les enrichis:

-Le hasard de la chose veut que les A tribe called Red, une des voix porteuses pour la «désindiennisation» du sport au Canada, joueront le 31 janvier à l’Igloofest. Curieux de savoir ce qu’ils pensent de tout ça…